PANDE DOLYEU TCHAGUI

On attribue généralement à Maître LEE Moon-Ho l’origine du coup de pied retourné circulaire (Pandé Dolyeu Tchagui). C’est une technique spectaculaire mais, il est très important de le préciser, dangereuse presque autant pour soi-même que pour l’adversaire. En effet, si le coup ainsi porté peut être redoutable, de même la plus petite erreur de timing, le plus petit défaut dans le placement expose le combattant, le mettant en position très vulnérable. Cette technique implique une très grosse prise de risque et il faut donc une très grande confiance en soi pour la réussir.

« Lorsque je fis, un peu par hasard, pour la première fois ce coup de pied, au début des années soixante, je l’appelai « Pandé Dolyeu Tchagui » car le nom « Dolyeu Tchagui » (coup de pied circulaire) existait déjà et pour moi il s’agissait de la même chose mais à l’envers, tout simplement.

Pendant des années, même en équipe nationale de Corée, ça s’est appelé comme ça. J’ai entendu dire récemment qu’on lui avait donné d’autres noms. C’est dommage …

A l’époque, j’étais très jeune et, pendant les entraînements, lorsque les plus jeunes devaient faire un combat avec un des anciens, il ne fallait pas vraiment bloquer ses coups sous peine de se faire remettre à sa place au prochain combat. Cela n’était pas chose facile et il y avait souvent des KO tant les combats étaient martiaux.

Un jour, j’ai fait un combat avec un de mes instructeurs, un combattant redoutable et très grand. Ses coups étaient puissants et je devais être très mobile et inventif pour ne pas en recevoir trop. J’ai du éviter plusieurs coups à la suite et finalement j’ai esquivé en tournant vers l’intérieur. A ce moment, instinctivement, (et presque malgré moi), j’ai fait un Pandé Dolyeu Tchagui mais en essayant de ne pas le toucher.

Tout le monde a été très surpris, moi le premier ! Lui me félicita d’une petite tape sur l’épaule …

Après l’entrainement, ce jour-là, j’ai voulu le refaire mais je n’y suis pas arrivé. Et il m’a fallu de nombreux essais ensuite (et pas mal de chutes) avant d’y parvenir à nouveau.

J’ai beaucoup travaillé par la suite, souvent seul car personne ne pouvait m’aider, pour perfectionner la technique et quand je l’ai enfin utilisée pour la première fois, je pouvais la déclencher à partir de n’importe quelle position, même au corps à corps ou en sautant… ce qui en faisait une attaque extrêmement efficace.

La toute première fois où je l’ai utilisée volontairement dans un combat, c’était pendant une démonstration sur une base militaire américaine. Il y avait des combats amicaux entre écoles Chung Do Kwan, (l’instructeur de la base faisait partie de cette école) et l’équipe Sung Kyun Kwan Université, dont je faisais partie. Je me retrouvais face à un combattant expérimenté, 4eme Dan, et je décidais d’essayer le Pandé Dolyeu Tchagui. Cela marcha mieux que je ne m’y attendais : Le capitaine de l’équipe adverse vint trouver mon capitaine, lui rappelant qu’il ne s’agissait que d’un combat amical… Mon capitaine était aussi étonné que lui, car, pour des combats amicaux, il n’avait pas sélectionné ses meilleurs combattants, et il ne m’avait emmené que parce que j’étais le plus jeune.

Ensuite, j’ai commencé à l’utiliser régulièrement en compétition. C’est devenu une technique redoutée de mes adversaires, à tel point que les coachs avaient un petit geste du doigt, en dessinant des cercles, pour me désigner.

Et puis, un jour, à mon arrivée en France en 1977, mes élèves m’accompagnèrent au cinéma, voir un film avec Bruce Lee, et je fus à la fois étonné et amusé de voir toute la salle enthousiasmée par ses coups de pieds, et notamment ses Pandé Dolyeu Tchagui… Je n’avais pas imaginé, à l’époque, que ce coup de pied deviendrait aussi célèbre.
Cela a été et cela reste encore aujourd’hui, ma technique préférée. »

Maître LEE MOON HO